Le boutis puise ses origines en Sicile pour s’ancrer en Provence. C’est toute une histoire que vous retrouverez ICI.
Aujourd’hui, nous allons aborder sa technique.
Pour boutisser, la première étape est de transférer le dessin sur une toile de coton blanche transparente : la batiste. Cette toile est doublée d’une seconde couche de batiste et les deux sont maintenues ensemble à grands points. Chaque contour du motif est réalisé en piquant à petits points avants ou arrières : c’est la technique du piquage qui était pratiquée dans les ateliers marseillais dès le XIIIe siècle.
Les boutisseuses maîtrisaient aussi une autre technique, celle du méchage ou bourrage qui donne du relief aux motifs. Pour cela il faut introduire des mèches de coton entre les deux épaisseurs de tissus. C’est là qu’intervenait le bâton de buis qui sert à bouter la mèche. Seul le vrai boutis crée ces reliefs par ce minutieux travail de bourrage de coton, mèche après mèche.
De plus, il ne doit pas y avoir de trous visibles sur l’envers puisque les deux faces sont identiques contrairement au Trapunto qui reste un ouvrage moins raffiné. En effet, la toile envers du trapunto est plus grossière, donc non réversible et il est bourré à la ouate au lieu d’être méché. Grande différence aussi avec le piqué qui se contente d’emprisonner son matelassage entre deux tissus réunis par un piquage, technique qui a pu se mécaniser. Un vrai boutis se reconnait à contre-jour, la lumière traversant le long des lignes de coutures, tandis que le piqué laisse passer un jour opaque, diffus sur toute sa surface.
Maintenant, passons à la pratique…
Je vous propose de réaliser un petit ouvrage d’apprentissage proposé en cours à l’Atelier. Sur ce petit modèle, j’ai souhaité apporter quelques ajouts à la technique du boutis tout blanc du XVIIIème siècle car, si l’on revient aux ouvrages antérieurs, on y trouve des points de broderie variés, voire du point de Beauvais, et du méchage en couleur. Ces techniques ont été reprises par Monique GUILLARD qui me transmet son savoir. C’est avec plaisir que je réunis ces différentes techniques qui me semblent apporter une belle originalité au boutis.
Voici le modèle de la pochette proposé aux élèves pour découvrir cette technique et qu’il vous est possible de réaliser à votre tour.

Taille réelle : 13,5 cm x 20,50 cm
Prenez un morceau de batiste de coton et une cotonnade de couleur, tracez votre motif au crayon à papier sur la toile de batiste, cousez les deux morceaux ensemble à grands points avants.
Puis vient le temps des petits points : points avants ou points arrières, c’est vous qui choisissez pourvu qu’ils soient tout petits.


J’ai travaillé en blanc tous les traits en diagonale et les deux arabesques en haut.
La dernière fois, nous avons travaillé les petits points avants ou arrières selon votre choix au fil blanc pour tracer tous les traits de structure du dessin. Nous nous sommes arrêtés là :

Je vous propose maintenant de travailler la fleur et la coccinelle avec du fil à coudre de couleur en utilisant des points de broderie traditionnelle.

Les pétales de la fleur sont travaillés au point avant et les nervures au point de tige.
La tige est travaillée au point d’épine.
Le contour des feuilles est travaillé au point de chaînette torse, le retour en vert clair au point de chaînette torsadé et les nervures au point de tige.
Les yeux de la coccinelle sont en fait deux perles noires posées en même temps que le tracé de la tête au point arrière, les points noirs des ailes sont des points d’araignée, les ailes rouges sont tracées au point de chaînette, les ailes noires au point de corail et le bas de l’abdomen est travaillé au point avant noir surjeté de rouge.
A vous de jouer !
Si vous avez envie de changer les points, n’hésitez pas !